Vue d’exposition, Geert Goiris, In tongues, 2021, « Periphery », Kunsthal Extra City, Antwerp/BE. Photo: Geert Goiris

Geert Goiris, In tongues, 2021, vidéo – full HD – 12 min

Periphery, Kunsthal Extra City, Antwerp/BE, jusqu’au 8 mai, 2022

Kunsthal Extra City
Provinciestraat 112 (bezoek)
Ploegstraat 25 (kantoor)
2018 Anvers/BE

Further information: extracity.org

Geert Goiris en collaboration avec VLP, Groot-Bijgaarden, 2020, Design: Roger Willems, 44 + 16 pages, 28 x 36 cm, ISBN:9789492811813

Vers l’année 1124, une communauté de bénédictins s’est installée sur le site de Wivina à Groot-Bijgaarden, dans l’actuelle Belgique. Des recherches archéologiques y ont mis au jour les vestiges de cinq églises et dépendances consécutives. La chapelle actuelle de 1924 est toujours intacte. En 2011, l’architecte d’intérieur Tom Callebaut a dirigé la transformation de cette chapelle en un espace contemporain de contemplation. Neuf ans plus tard, le photographe Geert Goiris a été invité à visualiser l’expérience de cet espace, qui est toujours un phare de théologie et de réflexion. Un texte de Herman Lombaerts accompagne la série d’images.

Edition limitée à 500 exemplaires.

Roma Publication 391

Entre 2008 et 2010, j’ai voyagé deux fois en Antarctique pour photographier un voile blanc.
Ces conditions météorologiques peuvent se produire dans les régions polaires et en haute montagne. Lorsque la concentration des cristaux de glace microscopiques dans l’atmosphère dépasse une certaine limite, elle piège la lumière du soleil. La lumière est diffusée à travers ces particules. Elle tombe sur la neige et la glace qui se trouvent en dessous et elle est réfléchie sans fin dans l’air comme dans une chambre de réverbération. 

Le voile blanc est un phénomène atmosphérique et optique, où l’observateur semble plongé dans une lueur uniformément blanche. Tout sens de la profondeur et de l’orientation est perdu. Seuls les objets sombres et proches peuvent être vus. L’horizon disparaît, le paysage se transforme en un vide blanc – un « ganzfeld. » Notre cerveau n’est pas habitué à une stimulation uniforme, la vision est basée sur le contraste. Faire la distinction entre différents motifs, couleurs ou structures. Lorsque nous regardons dans un champ de vision sans caractéristiques, cela peut produire des hallucinations.

Je voulais capturer sur pellicule la transformation de la matière en lumière lors d’un voile blanc. La pièce qui en résulte est une projection de diapositives analogiques. Le film a été exposé en Antarctique, développé et enfin chargé dans un projecteur. La lumière puissante qui traverse la couche, projette une image éphémère sur le mur. La projection est automatisée, chaque image passe à la suivante dans un fondu. Il y a une étrange temporalité en jeu, inspirée par l’expérience de la lumière du jour continue pendant mon séjour sur le continent.

Biographie

Geert Goiris est né à Bornem en Belgique en 1971. Il vit et travaille à Anvers.

Geert Goiris parcourt le monde, à la recherche de lieux insolites qu’il interprète dans des images énigmatiques. Malgré la haute résolution offerte par son appareil photo grand format, ses images ne nous submergent pas d’informations définitives. Elles sont intentionnellement détachées d’une époque spécifique, donnant le sentiment que nous pourrions regarder simultanément le passé et l’avenir.

« L’acte photographique est par définition contraire à l’anticipation : on ne peut saisir sur la pellicule ou dans la carte mémoire que ce qui existe déjà. Dès lors que le sujet est immortalisé, il bascule dans le passé, et ce, même si sa représentation ne cesse d’être réactualisée dans le présent, à chaque fois qu’on la regarde. Prenant le contre-pied de cette définition ontologique du médium, Geert Goiris développe depuis le début des années 2000 une pratique photographique que l’on pourrait qualifier d’anticipatoire. Ses images saisissent dans le présent des signes avant-coureurs des désordres à venir, qu’ils soient d’ordre climatique ou écologique. Bien sûr, le support de cette projection mentale se situe dans le réel – qu’il s’agisse d’un paysage désertique, d’une architecture de béton renversée sur elle-même ou d’une silhouette miniaturisée – mais cette réalité est constamment remise en doute par l’observateur en raison du trouble opéré par l’image. L’artiste cherche ainsi à contredire la véracité du témoignage offert par la photographie, tout en sollicitant la réceptivité du spectateur sur son propre travail. »*

*Extrait d’ »Une photographie anticipatoire », article écrit par Septembre Tiberghien à l’occasion de l’exposition Fight or Flight qui s’est tenue en 2016 au Frac Haute-Normandie.

Son travail est présent notamment dans les collections suivantes : Seattle Art Museum, Seattle; Hamburger Kunsthalle, Hambourg ; Musée de la photographie, Anvers ; Centro de Arte Caja de Burgos, Espagne ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; Centre National des Arts Plastiques, Paris ; Direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris ; Fond National d’Art Contemporain, France; Fond National d’Art Contemporain, France; Deutsche BÖRSE AG, Allemagne; Nouveau Musée National de Monaco.

Expositions : World Without Us, Biennale de la photographie de Mulhouse, Caserne des pompiers, Hombourg/FR (espace publique) (2020) ; Silent Earth, Deutsche Börse AG, The Cube, Eschborn/DE (2020) ; Terraforming Fantasies, Palazzo De’ Toschi, Bologna/IT (2019) ; World Without Us, Royal Academy of Fine Arts, Anvers/BE (2018) ; Plot Twist, Art : Concept, Paris /FR (2016) ; Geert Goiris, Musée de Bagnes, Bagnes/CH (commissaires : Jean-Paul Felley & Olivier Kaeser)(2014) ; Geert Goiris, M – Museum, Leuven/BE (2013) ; Le Silence. Une fiction, Villa Paloma, Nouveau Musée National de Monaco (curateur : Simone Menegoi) (2012) ; The eye is a lonely hunter: images of humankind, The 4th edition of the Fotofestival Mannheim – Wilhelm Hack Museum, Ludwigshafen/DE (2011) ; Whiteout and other stories, Hamburger Kunsthalle, Hamburg/DE (2010) ; Fresh Hell, Carte Blanche à Adam McEwen, Palais de Tokyo, Paris/FR (2010).

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Catalogues

Extract: Geert Goiris, In tongues, 2021, video – full HD – 12 min

Dans la vidéo In tongues de Geert Goiris, les interprètes Romy Beats et Scale regardent droit dans la caméra en produisant des sons et des rythmes sans paroles. Les sons émergent de l’acoustique de leur corps. En utilisant leurs cordes vocales, leur gorge, leur bouche, leur nez et leur langue, ils produisent des vibrations et des mouvements d’air contrôlés. Bien qu’aucun instrument externe ne soit utilisé, les sons ressemblent fortement à des sons et des rythmes artificiels.
Parfois, leurs voix semblent se fondre dans une conversation, le plus souvent elle dégénère en chaos. Nous assistons à un échange auquel nous ne pouvons pas participer. C’est comme si nous observions des androïdes en train de converser en langage machine, ou comme si nous écoutions des individus possédés parler en langue.