01.07.2023
Pierre-Olivier Arnaud
Josy's Club, Synagogue de Delme/FR
1 juillet - 1 octobre 2023

C’est autour d’un échange d’œuvres que Denis Savary et Pierre-Olivier Arnaud ouvrent une relation et une discussion. Celles-ci se poursuivent lors de l’exposition Ballard in Albisola organisée fin 2021 par le MAMCO dans la maison de l’artiste Asger Jorn en Italie. Les artistes y réalisent une œuvre en commun, une sorte de collage prenant quasiment la forme d’une sculpture pour plate-bande, en rassemblant des objets trouvés sur le site de l’exposition. Soit la rencontre d’un vase visqueux de couleur verre « Heineken », d’une guirlande de fanions gris dégradé, de carreaux de faïence noir et brun, d’un piètement de fauteuil et d’une concrétion calcaire comme origine à un projet entier d’exposition quelques temps plus tard. […]

Dans la synagogue de Delme, Denis Savary et Pierre-Olivier Arnaud invitent les visiteur·euse·s à Josy’s Club, un espace plongé dans la pénombre, devenant le réceptacle de ces trouvailles extraites de ces multiples dérives et constituant une véritable réappropriation de l’espace urbain par l’imaginaire. Inspirée par les œuvres de J.G. Ballard telles que la Trilogie de béton ou encore Sécheresse, l’exposition se dévoile tel un jardin sec, dont chaque élément sculptural ou pictural serait le symptôme de ces espaces troublés. Ce paysage sec et terne reflète les variantes périphériques d’une pensée moderne planifiée, mais dans un esprit bien vivant, car il ne s’agit pas de parler de fantômes, ni de ruines ici. Les artistes mettent en avant une tendance vernaculaire bien vivace et proliférante en ce début de XXIème siècle. Sans verser dans la nostalgie, ni dans un certain fétichisme pour le modernisme, ce projet s’intéresse à sa déformation et à sa survivance dans l’époque actuelle, à son état de décrépitude avancé dont il n’existe pas d’alternative capable de le remplacer dans ce monde vivant à la fois dans un présent éternel et cultivant un certain appétit pour le rétro-futurisme. Les artistes s’intéressent à son déploiement esthétique dans l’espace urbain à partir de ce que les gens en font et créent à partir d’une base floue, dans des gestes a priori non artistique, de l’ordre du bricolage, mais contribuant à modifier et à faire évoluer les formes et l’esthétique de la ville.

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